En descendant vers l’étendue d’eau, des tas de bois jonchent le bord de la route. Jean-Yves Morel, l’un des fondateurs de l’association L’Arbre indispensable, fulmine. « On a mis 30 ans à flinguer la réserve de la Chèze. Les arbres du bassin-versant sont pour beaucoup en sénescence*, ce qui leur laisse une dizaine d’années de vie ». De ses yeux, il a vu le bocage breton se réduire à peau de chagrin. Ici, le traumatisme est encore palpable. Son nom ? Le remembrement. Pour faire de la Bretagne la championne de l’agriculture intensive et de l’élevage, 220 000 km de haies et de talus boisés sont rasés entre 1964 et 1994. Gravé dans la loi, le remembrement transforme la campagne bretonne. Les ceintures d’arbres et les buttes bordant de petites parcelles deviennent les reliques d’un paysage façonné par les agriculteurs pendant près de sept siècles.
La fierté de nourrir le pays va révéler un goût amer. Le retour de bâton de la destruction du bocage, c’est l’eau. « Sur le bassin du Couesnon, il fallait quatre jours après une grosse pluie pour que la rivière soit au plus haut. Après le remembrement, la durée est tombée à quatre heures », explique Hugo, de l’association L’Arbre indispensable. Moins il y a de bocage, plus l’eau dévale et emporte avec elle les résidus de pesticides et les nitrates. Les substances arrivent tout droit dans les eaux de surface2, qui représentent plus de 80 % de la consommation d’eau potable en Ille-et-Vilaine.
Jean-Yves Morel et Hugo Lepere, de l’association l’Arbre indispensable. (Le Télégramme/David Brunet)
Face à la dégradation de l’eau, les pouvoirs publics tentent de faire marche arrière. La réponse de la Région s’appelle Breizh bocage. Ces programmes – 33 millions d’euros financés en partie par les fonds européens- aident les propriétaires et les agriculteurs à replanter des haies et créer des talus. Leur gestion est assurée gratuitement pendant trois ans. Pensés pour « reconstituer le bocage », ces programmes ont en réalité limité la casse.
Notre travail compense ce qui tombe encore, car il en tombe encore
Sur le bassin-versant de La Chèze-Canut, près de 800 km de haies ont pu être abattus lors du remembrement. En dix ans, Breizh bocage a permis de replanter 40 km. « Il reste environ 370 km de linéaire aujourd’hui », indique Denis Lahaye, référent bocage du bassin-versant chez Eau du bassin rennais. « Le travail des techniciens bocage permet d’être à l’équilibre et de compenser ce qui tombe encore, car il en tombe encore », déplore-t-il.
Des plantations de Breizh Bocage dans le bassin-versant de la Chèze-Canut. (Le Télégramme/David Brunet)
En Bretagne, 12 000 km de bocage disparaissaient chaque année entre 1996 et 2008. Et si les haies sont désormais sous statut protégé et qu’il est interdit de les abattre sans alerter les services compétents, la mesure n’est pas toujours respectée. Entre 2008 et 2020, le rythme de la disparition s’est réduit de moitié, mais s’élevait encore à 6 000 km par an.
1. Processus de ralentissement de l‘ activité vitale chez les individus âgés (Le Robert)
2. Source : Les pesticides en Bretagne, novembre 2020, Observatoire de l’environnement en Bretagne.
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